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"Quoi, le sexe des Anges ?"
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  • "Quoi, le sexe des Anges ?" est mon premier livre, sorti l'été 2011 aux éditions Persée à Paris. (ISBN 978-2-35216-946-8 pour le commander chez votre libraire, ou me le demander ici.) Je voudrais, ici, ouvrir un dialogue avec mes lecteurs. A bientôt ?
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7 octobre 2020

'Fratelli tutti'– 1. Une désinformation du 'Figaro'

06/10/2020

'Fratelli tutti'– 1. Une désinformation du 'Figaro' ( du blog de Patrice de Plunkett)

pape-francois-audience-generale.jpg

Nous entamons ici une exploration des thèmes de cette encyclique d'une irrésistible richesse intellectuelle et spirituelle. En regrettant de devoir d'abord rectifier la présentation du texte de François par un journal français lu dans la bourgeoisie "catho" :


La façon dont Le Figarorésume Fratelli tutti est une véritable désinformation. Au lieu de donner un aperçu objectif de ces huit chapitres de considérations papales puissantes, denses, complexes (dans l’objet de leur analyse) et centrées sur l'amour du Christ dans l’esprit de François d’Assise, Le Figaro les réduit à une attaque « contre “le dogme néolibéral“ » ! Comme si le pape avait exprimé des opinions d'incompétent... On sent que ce journal cherche à attirer au “jésuite argentin” le mépris du bourgeois.

D’autant que l’article mutile ensuite ce que l'encyclique dit des migrants... Comme pour  déguiser le pape en excité du sans-frontières, Le Figaro ne cite que les passages où l’encyclique fustige l’attitude souvent déshumanisante des pouvoirs publics. Alors que Fratelli tutti, comme les autres grands textes de François, est un développement ample et équilibré, radical mais nuancé, qui ne néglige aucun des aspects d'un problème... Mais Le Figaro ne veut pas le savoir : son titre et ses punchlines sont faits pour irriter des notables qui lisent peu et n'iront pas vérifier à la source. Le “vaticaniste” du quotidien omet donc de mentionner les passages-clé dans lesquels François rappelle les préceptes catholiques constants en la matière :

 Par exemple le § 40 « L’Europe, aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants... » (c’est ce qu’enseignait également Benoît XVI).

 Ou au § 38 : « Il faut aussi réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre... »

 Et le § 41 : « Je comprends que, face aux migrants, certaines personnes aient des doutes et éprouvent de la peur. Je considère que cela fait partie de l’instinct naturel de légitime défense. Mais il est également vrai qu’une personne et un peuple ne sont féconds que s’ils savent de manière créative s’ouvrir aux autres. J’invite à dépasser ces réactions primaires, car le problème, c’est quand [les doutes et les craintes] conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même – sans nous en rendre compte – racistes. Ainsi, la peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre… »  Les libéraux conservateurs y verront de « l’immigrationnisme » ? un croyant y voit l’Evangile.

De même le développement admirable autour de la parabole du Bon Samaritain (§ 67) « Cette parabole est une icône éclairante, capable de mettre en évidence l’option de base que nous devons faire pour reconstruire ce monde qui nous fait mal. Face à tant de douleur, face à tant de blessures, la seule issue, c’est d’être comme le bon Samaritain. Toute autre option conduit soit aux côtés des brigands, soit aux côtés de ceux qui passent outre sans compatir avec la souffrance du blessé gisant sur le chemin. La parabole nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. En même temps, la parabole nous met en garde contre certaines attitudes de ceux qui ne se soucient que d’eux-mêmes et ne prennent pas en charge les exigences incontournables de la réalité humaine… ».

Dans cette parabole, souligne François, « il est impressionnant que les caractéristiques des personnages du récit changent totalement quand ils sont confrontés à la situation affligeante de l’homme à terre, de l’homme humilié. Il n’y a plus de distinction entre l’habitant de Judée et l’habitant de Samarie, il n’est plus question ni de prêtre ni de marchand ; il y a simplement deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur, et celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à terre, et celles qui détournent le regard et accélèrent le pas. En effet, nos multiples masques, nos étiquettes et nos accoutrements tombent : c’est l’heure de vérité ! Allons-nous nous pencher pour toucher et soigner les blessures des autres ? Allons-nous nous pencher pour nous porter les uns les autres sur les épaules ? C’est le défi actuel dont nous ne devons pas avoir peur. En période de crise, le choix devient pressant : nous pourrions dire que dans une telle situation, toute personne qui n’est pas un brigand ou qui ne passe pas outre, ou bien elle est blessée ou bien elle charge un blessé sur ses épaules »

Et encore : « L’histoire du bon Samaritain se répète. Il devient de plus en plus évident que la paresse sociale et politique transforme de nombreuses parties de notre monde en un chemin désolé, où les conflits internes et internationaux ainsi que le pillage des ressources créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route. Dans sa parabole, Jésus ne propose pas d’alternatives comme : que serait-il arrivé à cet homme gravement blessé, ou à celui qui l’a aidé, si la colère ou la soif de vengeance avaient gagné leur cœur ? Il se fie au meilleur de l’esprit humain et l’encourage, par la parabole, à adhérer à l’amour, à réintégrer l’homme souffrant et à bâtir une société digne de ce nom » (§ 71)...

Et trois lignes terribles (§ 75) sur ceux qui – comme les clercs de la parabole – « passent outre en regardant de l’autre côté » : aujourd’hui, dit le pape, ce sont « ceux qui croient rester purs dans leur fonction importante, mais en même temps vivent du système et de ses ressources » !

Nous aborderons demain l’analyse du « système » et de ses effets dans Fratelli tutti. Elle est aussi fine que forte.

(à suivre)

Source : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2020/10/06/fratelli-tutti-1-une-desinformation-du-figaro.html

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