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"Quoi, le sexe des Anges ?"
"Quoi, le sexe des Anges ?"
"Quoi, le sexe des Anges ?"
  • "Quoi, le sexe des Anges ?" est mon premier livre, sorti l'été 2011 aux éditions Persée à Paris. (ISBN 978-2-35216-946-8 pour le commander chez votre libraire, ou me le demander ici.) Je voudrais, ici, ouvrir un dialogue avec mes lecteurs. A bientôt ?
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18 décembre 2011

Jean et sa soeur, Marie-Louise Monnet

monnet-ml-avec-amour-et-passion-livre-855715890_ml1Paysanne d’origine, la famille Monnet va rapidement s’enrichir dans le négoce du cognac. Le père, Jean-Gabriel Monnet parle allemand et voyage beaucoup pour visiter ses clients en Russie, Suède, Allemagne. Il s’occupe aussi de sociétés de secours mutuel.

La mère, Maria Demelle,  est aussi croyante que son mari est agnostique. « Nous étions la réserve dans laquelle la paroisse puisait pour animer sa chorale, ses patronages, ses groupes de guides et de louveteaux ».(Marie-Louise Monnet)

 La table familiale est ouverte aux étrangers venus d’Angleterre, d’Allemagne, de Scandinavie, d’Amérique. Les enfants participent aux repas « il y avait un incessant courant d’échanges de gens et d’idées, et des liens personnels qui humanisaient singulièrement le commerce ». «J’apprenais là, ou à partir de là, sur les hommes, sur les affaires internationales, plus que je ne l’eusse fait avec une éducation spécialisée. Je n’avais qu’à regarder et écouter » (Jean Monnet)

 Marie-Louise naît le 25 septembre 1902. Elle est la plus jeune d’une famille de quatre enfants. L’aîné, Jean, qui a alors 14 ans, retient deux choses de l’éducation familiale :

« Ma mère m’a appris qu’on ne bâtit rien si on ne s’appuie sur des réalités. Elle se méfiait des idées en elles-mêmes. Elle voulait savoir ce qu’on allait en faire ».

Lorsqu’il entreprend à dix huit ans son premier grand voyage au Canada, son père lui donne un conseil, qu’il donnera aussi à Marie-Louise: « N’emporte pas de livres. Personne ne peut réfléchir pour toi. Regarde par la fenêtre, parle aux gens. Prête attention à celui qui est à côté de toi ».

 Pendant la guerre, Marie-Louise mène la vie d’une jeune fille rangée, fait des études courtes dont elle se plaira à dire avec une certaine coquetterie : « J’ai fait les études qui étaient normales pour une jeune fille de mon milieu à mon époque, c’est-à-dire que je ne possède pas de diplôme, je suis une femme ordinaire ». Elle disait « mon baptême me suffit ». Elle consacrait beaucoup de temps à sa correspondance privée, mais confiait souvent à d’autres le soin de rédiger le fruit de ses réflexions. Son livre de mémoires Avec amour et Passion est l’oeuvre d’une équipe.

 La guerre finie, Jean est secrétaire général adjoint de la Société des Nations ; Marie-Louise fait plusieurs séjours auprès de lui, l’aide à tenir sa maison à Genève, à recevoir les délégations de tous pays ; témoin des efforts de dialogue et de construction d’une politique plus universelle, elle s’interroge : « Pourquoi les catholiques ne sont-ils pas présents à ces travaux qui façonnent le monde de demain ? ».

 Le 1° octobre 1931, elle fait une retraite à Lourdes. Un spectacle restera gravé dans sa mémoire pour la vie : une procession de cinq mille jeunes gens, portant habits et outils de travail. Ce sont des jeunes ouvriers et artisans belges, membres de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne rassemblés autour de leur fondateur l’abbé Cardjin qui fête ses 25 ans de sacerdoce.

Marie-Louise entend à cette occasion une citation de l’encyclique Quadragesimo Annopubliée quelques mois auparavant, le 15 mai 1931, par le pape Pie XI : « Les premiers apôtres, les apôtres immédiats des ouvriers seront des ouvriers. Les apôtres du monde industriel et commerçant seront des industriels et des commerçants. »

Pour Marie-Louise, jeune fille de la bonne société, habituée depuis des années à s’occuper de jeunes ouvrières, le choc est énorme : « Choc décisif dont la résonance me suivra tout le long de ma vie… Ce que je faisais depuis douze ans au patronage de Cognac et dans l’Association des jeunes de la Ligue de Charente se cassait littéralement en morceaux devant moi ».

“Fille et sœur de négociants, j’étais bien enracinée dans ce monde du commerce. Les jocistes ont su répondre au vœu de l‘Eglise, entre eux, par eux, pour eux, ils veulent ramener au Christ tous leurs frères ouvriers. Je dois faire de même dans mon milieu.” (citée par Elisabeth Croquison)

A partir de ce jour, elle va consacrer sa vie à l’évangélisation du milieu social qui est le sien. Il ne s’agit pas de séparer les classes sociales mais plutôt d’observer la vie concrète, la culture, les mentalités, les valeurs et les limites communes à chaque milieu et de susciter de l’intérieur des militants, des apôtres, pour une transformation des personnes mais aussi pour une transformation collective.

Marie-Louise avait des responsabilités dans la branche jeune d’un mouvement d’adultes : la Ligue des femmes françaises. En peu de temps, les jeunes filles prendront leur indépendance vis-à-vis des adultes puis de la Ligue elle-même. En janvier 1935 (elle a donc 33 ans)Marie-Louise Monnet est la secrétaire fondatrice du mouvement de la Jeunesse Indépendante Chrétienne Féminine qui obtient son indépendance en 1936.

 A mesure que les jeunes deviennent adultes, se marient, exercent une profession et des responsabilités dans la société, apparaît la nécessité, d’une part, de laisser le mouvement aux mains des plus jeunes et, d’autre part, de permettre à ces adultes de continuer. En 1938, après quelques réticences, Marie-Louise accepte de fonder un mouvement baptisé dans un premier temps « les aînées de la Jeunesse indépendante Chrétienne Féminine » puis à la demande de la commission permanente des cardinaux et archevêques de France « Action Catholique Indépendante Féminine ». Marie Louise Monnet quitte ses fonctions précédentes et en devient secrétaire générale.

 Pendant la guerre, le mouvement d’adultes récemment fondé par Marie-Louise Monnet se développe rapidement. Le secrétariat national se replie à Cognac dans la maison familiale qui pourtant a dû loger des officiers allemands. Les responsables gardent constamment le contact, créent des équipes, font paraître et distribuent le journal de liaison, franchissent la ligne de démarcation entre zone libre et zone occupée grâce à des trésors d’ingéniosité.

Peu à peu, des hommes s’intéressent, des équipes se forment, jusque dans les camps de prisonniers. Il devient évident que le mouvement ne peut rester exclusivement féminin. En 1941 il devient mixte et prend le nom qu’il porte encore aujourd’hui : Action Catholique des milieux Indépendants.

L’ACI est devenue un mouvement important dans l’Eglise catholique. Comme tous les autres mouvements d’Action Catholique, il est encouragé, soutenu et même mandaté par les évêques. Le rôle et la mission propres des laïcs sont reconnus. Ces mouvements contribuent aussi à changer la société par la transformation des mentalités. Voici deux exemples : les conventions collectives et la législation sur le travail des employés de maison, la création et l’extension du réseau Accueil des Villes Françaises, doivent beaucoup à la réflexion et à l’action de membres de l’ACI.

 En Mai 1961, l’Action Catholique des Milieux Indépendants fête ses vingt ans à Rome, alors que se prépare le concile Vatican II convoqué par Jean XXIII. Marie-Louise connaît bien ce pape qu’elle a souvent rencontré lorsqu’il était nonce apostolique à Paris. Il est décidé que le mouvement français aura une antenne à Rome durant les sessions du Concile. Les échanges sont nombreux entre laïcs militants de tous pays, évêques et cardinaux de la curie ou du monde entier.

Ces rencontres, l’expérience et le travail de tous les mouvements d’Action catholique dans les années passées contribueront grandement à l’élaboration du Décret conciliaire sur l’Apostolat des laïcs publié en 1965. Elle côtoie dans cette commission le futur Jean-Paul II.

 Grâce aux voyages, et au dynamisme des militants, l’intuition de l’Action Catholique franchit les frontières, des mouvements pour l’évangélisation des milieux indépendants se créent en Belgique, Espagne, Suisse, Côte d’Ivoire, au Portugal, aux Iles Maurice, au Canada, en Italie, en Amérique Latine, au Moyen Orient, à Madagascar en particulier, il a une expansion rapide et une influence notable.

En mars 1964 est fondé le Mouvement international d’Apostolat des Milieux Sociaux Indépendants ou Miamsi. Marie-Louise Monnet, bien qu’elle ne parlait que le français, en est élue présidente, voici ce qu’elle en dit : « Le MIAMSI ce n’est pas seulement une question de statuts, de réunions, d’Assemblées générales ; c’est d’abord des cœurs d’hommes et de femmes s’ouvrant aux dimensions universelles de la mission de l’Eglise, capables d’accueillir en eux, au nom de Jésus, le monde entier ».

 C’est au moment où ce jeune mouvement est en train de naître, que le dimanche 20 septembre 1964, le pape Paul VI annonce la nomination de Marie-Louise Monnet comme auditrice à la troisième session du Concile Vatican II, elle est la première femme laïque appelée à ce poste.

Le lendemain, elle fait face à l’assaut des journalistes :

« De toutes les questions qui m’ont été posées, je retiens celle-ci qui me semble être la plus révélatrice, j’étais interrogée sur les diplômes que j’avais obtenus au cours de mes études. Ma réponse était des plus simples : j’ai fait celles qui étaient normales pour une jeune fille de mon milieu à mon époque, c’est à dire que je ne possède pas de diplôme, je suis une femme ordinaire. Ces derniers mots devaient connaître une fortune étonnante et je fus surprise de recevoir des correspondances de femmes ordinaires qui me disaient quels encouragements pour leur vie quotidienne elles avaient tiré de ces simples mots ».

“Des femmes comme Marie-Louise Monnet (France), Rosemary Goldie (Australia), Pilar Bellosillo, Jose et Luz Alvarey-Incazas, parlaient avec des évêques lors de réunions en marge du Concile, ainsi qu’à des femmes journalistes, en particulier la Belge Betsy Hollants . C’est par la pratique de l’hospitalité que ces femmes acquirent de l’influence sur le Concile. Leurs maisons étaient ouvertes aux évêques et séminaristes. A la fin du Concile, elles avaient reçu plus de 1000 évêques dans une atmosphère détendue où l’on apprenait à mieux se connaître et à parler en toute liberté ».

En janvier 1966 Marie-Louise Monnet abandonne la présidence de l’ACI pour se consacrer à l’extension et à la consolidation du Mouvement international. Elle s’installe à Rome dans le quartier du Trastevere et continue à recevoir à sa table sa famille, les prélats, les ambassadeurs ou les gens ordinaires du monde entier, suivant en cela la tradition familiale et le conseil que son frère donnait à ses collaborateurs : « ayez avant tout une salle à manger», tant les relations humaines sont essentielles à leurs yeux. Elle voyage aussi beaucoup pour visiter les équipes en particulier en Amérique Latine, Afrique du Nord et Madagascar.

En septembre 1986, approchant de quatre-vingt quatre ans, elle se retire à Tours chez les Petites Soeurs des Pauvres d’où elle continue à suivre l’évolution des mouvements qu’elle a contribué à fonder.

Elle meurt discrètement à Tours le 2 novembre 1988. C’est l’année du centenaire de la naissance de Jean. Et une semaine après la mort de Marie-Louise, le 9 novembre, les cendres de Jean Monnet sont transférées au Panthéon.

Sources principales : Micheline Poujoullat, Elisabeth Croquignon, Alain Leveque, Mémoires de Jean Monnet, Marie-Louise Monnet (Avec Amour et Passion).

 

MESSE TELEVISEE EN L’HONNEUR DE MARIE-LOUISE MONNET

 

 

Pendant l’Avent, Le Jour du Seigneur donne un coup de projecteur sur des femmes engagées corps et âme pour des causes, des gens, des idées, des convictions.

Dimanche prochain 18 décembre, à 10 heures 45,

en l’Église de Bischheim (Bas-Rhin),

Le Jour du Seigneur  consacre sa messe télévisée (sur France 2)

à la commémoration de Marie-Louise Monnet,

à l’occasion des 70 ans de l’Action Catholique des Milieux Indépendants.

Cette célébration, préparée par les membres de l’ACI locale,  se situe à la veille de l’année du cinquantenaire de l’ouverture du Concile Vatican II, auquel Marie-Louise fut la première auditrice laïque.appelée à participer par Paul VI

 La prédication sera assurée par le père jésuite Thierry Lamboley.

Grâce au site de l’AELF, vous pouvez vous préparer à la célébration de dimanche prochain en lisant à l’avance les lectures.

Si vous avez un empêchement, vous pourrez Revoir la messe du 18 décembre

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